La pandémie actuelle nous oblige à rester confinés. Cela vient bouleverser nos rythmes habituels et nous sommes toutes et tous dans l’obligation d’adapter profondément nos manières de vivre. Ce confinement peut être une opportunité de recréer du lien familial ou à contrario être un facteur de risques pour l’enfant.
Le temps semble s’être arrêté, nos activités habituelles sont fortement réduites. Ce nouveau paradigme peut être très déstabilisant pour un certain nombre d’entre nous. Vivre enfermé et tourner en rond dans son appartement peut entraîner une perte de la notion d’espace et de temps, de repères qui sont pourtant essentiels pour toute structure familiale.
Les effets de la déscolarisation :
Une autre conséquence du confinement et qui perturbe fortement notre quotidien est la déscolarisation provisoire des enfants dès l’âge de 2 ans.
Pour un certain nombre d’entre eux, leurs parents étant à la maison, ils se retrouvent moins exposés à la sur-stimulation de leur environnement, des horaires et des activités scolaires imposés. Ceci est une bonne chose car cela permet de respecter davantage leur rythme et leurs besoins naturels. Leur temps et leurs activités sont davantage choisis, et l’espace familial devient ainsi un espace de plaisir et de créativité.
Le revers de la médaille réside dans l’attribution de nouveaux rôles aux parents, et notamment le fait de devenir des pseudo-enseignants. Des rôles complexes dans le contexte actuel qui mêlent compétences pédagogiques, télétravail, tâches ménagères…
Dans cet environnement, l’insistance de nombreux médias quant à l’importance des devoirs aux enfants peut être tout à fait contre-productive.
Au-delà d’engendrer du stress pour la famille tout entière, cela laisse peu de temps à l’enfant pour jouer.
Le jeu a des effets anti-anxiogènes naturels, rire et s’amuser sont extrêmement bénéfiques pour la construction du cerveau de nos petits. Le jeu fertilise en effet la croissance des circuits entre l’amygdale et le cortex préfrontal.
J’invite donc les parents à prendre du recul face à cette injonction et à privilégier des moments d’échange et de plaisir librement choisis autour de jeux, de discussion ou de lectures.
Profitez de ce temps passé en famille pour réassurer votre enfant et transformer son espace familial en un endroit sécurisant dans lequel il a envie d’explorer et de s’épanouir.
Les risques de violence physique et psychologique
Malheureusement, certaines familles vont probablement se trouver en grande difficulté pour accompagner leurs enfants si le confinement perdure trop longtemps. Celles qui sont peut-être confinées dans de petits appartements sans espace extérieur, celles qui sont dans l’angoisse d’une baisse de ressources financières, celles qui ne savent comment faire face à la démultiplication de devoirs de leurs enfants… un cocktail potentiellement explosif pour un certain nombre de parents pour lesquels leur équilibre personnel était déjà peut-être fragilisé.
Ceci risque de se manifester alors par un comportement plus violent à l’égard des plus petits qui n’ont actuellement pas d’autres perspectives que le cloisonnement.
C’est ainsi malheureusement que pour de nombreux enfants, cet enfermement peut-être synonyme d’enfer, notamment parce que l’espace familial est un espace où ils subissent habituellement de la violence, qu’elle soit physique et/ou psychologique. Pour ces enfants, l’école représente une bouffée d’oxygène qui leur permet de tenir le coup !
A cela s’ajoute le fait que la situation actuelle ne permet pas à la Protection de l’enfance (déjà dépourvue de moyens nécessaires) d’effectuer des contrôles et de venir en aide à ces enfants qui n’ont aucun moyen de faire face à leur détresse.
Attention à la quantité de devoirs !
C’est pourquoi il est plus important de ne pas mettre davantage de pression sur les épaules des parents et privilégier les relations familiales au travail scolaire.
Il est notamment du devoir des enseignants de ne pas occulter ce risque de violence physique ou morale pouvant survenir au sein des familles et d’ajuster ainsi les devoirs de façon proportionnée.
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Il est également souhaitable que les professeurs de collège et lycée se coordonnent afin de vérifier si la charge totale de devoirs d’un élève n’excède pas une demi-journée.
Personnellement, j’ai deux enfants de 13 ans et 10 ans et nous passons pratiquement toute la journée à faire les devoirs. Ceci parce que je dois jongler entre la supervision du travail effectué, ma charge professionnelle, les courses, le ménage, la préparation des repas, …
Ceci peut jouer sur la charge mentale et ne favorise en aucun cas le temps d’échange et de jeux qualitatifs avec les enfants.
Les solutions possibles pour aider votre enfant
En tant que parent, vous avez donc la possibilité de calibrer la charge de travail en fonction de la capacité d’apprentissage de votre enfant, de la charge de devoirs, et du degré d’autonomie de votre enfant. Faites-en sorte que cela n’excède pas 4h par jour et que cette charge soit lissée tout au long de la journée.
Vous pouvez tout à fait avertir les enseignants de votre enfant si vous estimez que l’ensemble de la charge est trop élevé. Ils seront, j’en suis persuadée, tout à fait compréhensifs et accepteront même peut-être d’adapter les devoirs en fonction des difficultés rencontrées par votre enfant.
Il y a également la possibilité de faire appel aux grands-parents ou d’autres membres de la famille qui peuvent vous aider en ligne pendant que vous vous occupez d’un autre de vos enfants ou encore que vous êtes occupé à télétravailler par exemple.
Un certain nombre d’aides en ligne est proposé actuellement pour accompagner votre enfant durant la période de confinement.
Enfin, ne négligez pas la solidarité d’un voisin, d’un ami de classe qui aurait davantage de facilités et ainsi aider votre enfant à faire ses devoirs.
Faisons preuve de solidarité et soyons tous vigilants pour permettre aux enfants et à leurs parents de profiter pleinement de cette proximité retrouvée. Toute la société (politique, média, corps enseignants, parents…) doit se mobiliser pour faire de ce confinement une opportunité de retisser des liens familiaux solides et durables.
N’oublions pas que les traumatismes de l’enfance laissent des traces indélébiles dans le cerveau et par voie de conséquence dans le comportement de l’adulte de demain.